Organigramme – Jacques Pons

Féroce, jubilatoire, haletant, Organigramme m’a saisie dès les premières lignes pour ne plus me lâcher avant le dénouement. Entre descriptions acides du monde de l’entreprise et regard cynique sur les méthodes contemporaines de management poussées à l’extrême, Jacques Pons livre un thriller dense, intense et addictif.

Jacques Pons a été avec Organigramme lauréat du concours du meilleur thriller 2018 présidé par Michel Bussi. Un concours que je vais commencer à suivre de plus près compte tenu des pépites qui en sortent puisqu’en 2017, il a couronné Vincent Hauuy avec Le tricycle rouge, autre thriller que j’avais adoré (tu peux te rafraîchir la mémoire ici).

Je remercie les éditions Hugo Thriller pour cette découverte.

L’histoire

La vision sans exécution n’est qu’hallucination. Telle est la devise du célèbre patron de la Maison Louis Laigneau, fleuron du luxe français.

Martelée à chaque occasion, de séminaires de créativité entre beautiful people en conférence calls des membres du CoDir, elle va également devenir celle d’un tueur dont le seul but est d’anéantir de façon brutale,méthodique et cruelle l’intégralité de l’entreprise et de ses salariés.

Quelles sont ses motivations ? Quelles sont réellement ses cibles ? Pourquoi un tel déferlement de haine froide ?

Une chose est sûre : rien ni personne ne sera épargné dans ce déferlement de haine froide.

Mon avis

Qui n’a jamais caressé l’idée de faire disparaître la pintade du service, toujours prête à dénigrer ses collègues pour s’assurer une promotion rapide ? Qui n’a jamais eu envie d’expliquer au DRH tout le bien qu’on pense de ses méthodes et de ses compétences ? Dans Organigramme, un employé passe à l’action et c’est totalement jubilatoire. Et cathartique.

Mais très vite, le thriller se fait haletant. Des chapitres courts, rythmés, une écriture nerveuse, précise, servent parfaitement le récit. Les personnages sont bien construits, approfondis, intéressants.

Alors que l’entreprise se referme sur elle-même pour se protéger dans un huis-clos dictatorial et étouffant, un personnage assure le lien avec l’extérieur,Yasmina, qui choisit de trouver refuge dans la Cité des 3 000 où elle a grandi. L’auteur fait le grand écart entre la maison de couture de luxe et la banlieue, peut-être pour stigmatiser plus encore l’entreprise, qui ressemble à un navire fou pris dans la tempête, déconnecté du monde extérieur (et dont les méthodes sont finalement assez semblables à celles des gangs).

Avoir choisi le monde de la mode permet d’ailleurs à l’auteur d’expliquer certaines procédures passablement paranoïaques et extrêmes de l’entreprise. La nécessité de garder secrètes les pièces phares d’une collection, Les plannings serrés à respecter sont autant d’éléments qui aident à mieux comprendre le fonctionnement extrême de Louis Laigneau.

Armée de l’organigramme présent au début du livre,  j’ai échafaudé des hypothèses, recherché le coupable. Qui, dans cet univers feutré, pour dénoncer la superficialité des relations, la pression constante, un management plus que douteux ? Surtout, qui pour ourdir un plan aussi pervers qu’intelligent ?

En bref

Un thriller efficace qui plonge son lecteur dans les méandres de l’entreprise et de ses dérives qui se révèlent ici fatales. Un livre et un auteur à découvrir.

Un commentaire Ajouter un commentaire

  1. Milou dit :

    Partager entre ce que l’on voit déjà dans la réalité et peut-être y trouver un petit côté jubilatoire à lire une histoire où l’auteur semble avoir bien forcé sur la dose.

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