Les nuits de Reykjavik – Arnaldur Indridason

Suite de mes aventures automnales parmi les polars. Après l’Ecosse, direction l’Islande histoire de coller au climat, parce que chez moi, il fait vraiment froid ! Et je dois vous dire que là, c’est d’ un coup de coeur dont je vais vous parler !

giphy

Il va donc sans dire que c’est un livre que je vous recommande chaudement !

L’histoire

La mort inexpliquée d’un sans-abri qu’il croisait à chacune de ses rondes obsède un jeune policier. Intuitif et obstiné, il juge la thèse de l’accident douteuse. Dans la nuit boréale, entre foyers de clochards et planques de dealers, il sillonne Reykjavik, déterminé à résoudre ce mystère. Ce policier n’est autre qu’Erlendur.

Mon avis

Chronologiquement, ce livre est le 13ème de Arnaldur Indridason et de son héros Erlendur Sveinson. Pourtant, il nous plonge dans l’Islande des années 70 avec la première enquête du – alors – jeune flic.

On y découvre un Erlendur solitaire, très réservé, un brin timide peut-être, jeune adulte à l’orée de sa vie et de sa carrière, balbutiant sur la direction à prendre dans les deux cas. Et c’est un portrait d’une grande tendresse qui se dessine sous nos yeux. Erlendur n’est pas encore « formaté » par son métier de policier, ce qui lui permet d’échapper aux préjugés et de s’enfoncer dans une enquête trop vite classée. Parce qu’il s’agissait d’un clochard, parce qu’il buvait parfois trop, Hannibal s’était forcément noyé. Une logique implacable que vient démonter Erlendur qui ne voit que l’humanité d’un homme blessé par la vie. Un Erlendur qui accorde autant de valeur à la parole des exclus qu’à celle des nantis. Dans le même temps, toutes les caractéristiques qui vont faire de lui un grand policier sont déjà là : son intuition, sa volonté sans borne, sa capacité à contourner les règles qui le freinent. Autant de qualités qui séduiront sa future mentor, Marion Briem.

Son obsession pour les disparitions est déjà présente également. Lui qui enfant a lâché involontairement la main de son jeune frère en plein tempête de neige et l’a perdu à tout jamais, est littéralement fasciné par ce phénomène. Cette fascination n’a d’égale que la culpabilité qu’il porte en lui depuis lors. Erlendur le policier et Hannibal le clochard sont unis par ce même sentiment et l’auteur ne manque pas d’établir le parallèle : Si Erlendur pense porter la responsabilité de la disparition de son frère, Hannibal se punit de n’avoir pu sauver sa femme d’un accident. Le fait qu’Erlendur était enfant à l’époque du drame ou qu’Hannibal n’ait pas eu le temps de sauver à la fois sa femme et sa sœur n’y change rien. Seules les voies de rédemption qu’ils ont choisies les différencient et Indridasson nous montre que cela tient à peu de chose et que les destins des protagonistes auraient pu être inversés.

clochard

La perception de l’humanité qui se dégage de ce livre est bouleversante. La douleur et la nostalgie qui habitent les personnages imprègnent le roman sous la plume bienveillante de son auteur. Au-delà du roman policier, c’est un livre sur la profondeur insondable de l’âme humaine.

Alec

3 commentaires Ajouter un commentaire

  1. De l’auteur j’ai ses trois premières enquêtes, mais je n’ai pas encore eu le temps de m’y pencher. Faut dire que ça fait un paquet de temps que je ne me suis pas mise au polar tradi. Le problème (si c’en est un) c’est que tu me donnes trèèès envie de lire cette 13e aventure d’Erlendur avant tout le reste. Que faire ? Mmmh…

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    1. Que faire ? Mais, la lire sans tarder ! D’autant plus que j’adorerai lire ta chronique !

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